Genève- le 22 septembre 2011- Une conférence tenue au Victoria Hall a appelé à une intervent
ion plus active de l'ONU et s’est davantage axée sur l'aspect politique de la question. Figuraient au nombre des intervenants : Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne, Rudi Giuliani, ancien maire de New York, Edward Rendell, ancien gouverneur de Pennsylvanie (2002 - 2011) et ancien président du parti démocrate (2000); le juge Michael Mukasey, ancien ministre de la justice américain (2007 - 2009), John Bruton, ancien Premier ministre irlandais (1997 - 2004) et ambassadeur de l'Union européenne aux États-Unis (2005 - 2009), le général James Conway, commandant du Corps des Marines des États-Unis (2006 - 2010) et commandant du Corps des Marines des États-Unis en Irak, M. Louis Freeh, directeur du FBI (1993 - 2001); Günter Verheugen, Commissaire européen (1999 - 2009) et vice-président de la Commission européenne, l'ambassadeur Mitchell Reiss, directeur de la politique du département d’Etat américain (2003 - 2005), et des parlementaires suisses et d'autres pays, dont Jean-Charles Rielle, Eric Voruz , Eric Barthassat (Suisse), le sénateur Giorgio Bornacin (Italie), Matthew Offord (Royaume-Uni) et Rémy Pagani, membre du Conseil administratif de Genève.
Les intervenants se sont penchés sur la politique américaine et son incapacité à respecter son engagement vis-à-vis des résidents d'Achraf. En ce qui concerne la politique américaine, un des principaux sujets de discussion a été l'échec de la secrétaire d'Etat à radier l'OMPI de la liste terroriste. La désignation terroriste a été qualifiée de «permis de tuer ».
Dans son discours, Mme Radjavi a salué le panel et les dignitaires des États-Unis pour avoir choisi de se mettre du côté peuple iranien dans sa quête de la démocratie. « Le régime des mollahs est confronté à une quadruple crise. A savoir, une société profondément mécontente et en colère qui est prête à exploser, le printemps arabe et l’effondrement de son front dans la région, une crise économique sans cesse croissante, et les luttes intestines entre ses factions. En dépit de ces réalités et du soulèvement populaire, le régime est toujours au pouvoir pour deux raisons principales : son appareil répression sans précédent et le soutien international actif et sans équivoque, en particulier des gouvernements occidentaux », a-t-elle dit avant de souligner : «En taxant l’OMPI de terroriste et en tolérant le régime iranien et les activités de ses mandataires» contre Achraf, l'Occident participe dans la pratique à la répression du peuple iranien et agit comme l'élément clé qui empêche tout changement en Iran. » Mme Radjavi a déclaré trois mesures urgentes à prendre pour protéger Achraf : l’installation d’une équipe d'observateurs dans le camp, la reconnaissance immédiate du statut de réfugié à tous les résidents et l'obligation pour les États-Unis de faciliter l'équipe d’observateurs de l'ONU en Irak et de faire pression pour annuler le délai de fermer Achraf.
Extrait des discours :
Rudi Giuliani, ancien maire de
New York
«Le Haut Commissariat pour les droits de l'homme peut simplement, d’un coup de stylo, mettre en place une surveillance d’Achraf, une surveillance des Nations Unies. Cette décision devrait être prise maintenant, sans tarder. Donc, nous devrions tous, d'une seule voix, demander que le commissaire prenne cette décision dès qu'elle reviendra de New York.
« Votre organisation est synonyme de paix, de liberté, de démocratie. Mon Dieu ! - Pour les droits des femmes ! Pour la liberté de culte. Donc, en toute analyse objective, cette désignation de terroriste doit être supprimée par les Etats-Unis. Je crois que mon pays devrait être en faveur d’un changement de régime en Iran. Et nous devrions être clairement à la recherche d’un changement de régime là-bas. Alors, j'ai un rêve, et c'est le même rêve que vous avez pour l'Iran. Et je crois que cela se produira. Et je crois que ça va se passer comme le Mur de Berlin est tombé, lorsque l'Union soviétique a pris fin, et les gens sont maintenant en mesure d'aller à l'église en Pologne et en République tchèque. Et personne n'a jamais pensé que cela arriverait six mois avant. Je crois que ça va se passer. Je ne sais pas quand, mais quand ça arrivera, ça va vraiment se passer, vraiment vite. J'ai fait le rêve d'un Iran libre, un Iran démocratique. J'ai fait le rêve que la présidente Radjavi sera capable de retourner en Iran.
Michael Mukasey, ancien ministre de la justice américain
L'administration dans laquelle j'ai servi, malheureusement, a maintenu la désignation de terroriste. Cette fois-ci de peur de voir les Iraniens fournir des armes, y compris des IED mortelles, à l’insurrection en Irak. Bien évidemment, cette politique est aussi un échec parce que les Iraniens ont fourni des IED à ceux qui en Irak tuent des soldats américains et ils n'ont jamais renoncé. Pour rester sur cette liste, une organisation doit être impliquée dans le terrorisme à un moment donné au cours des dix dernières années, c'est la loi, et comme vous l’avez entendu il n'y a aucune preuve dans ce domaine. Notre gouvernement aurait dû publier une déclaration publique et claire depuis bien longtemps au gouvernement Maliki pour qu’il cesse toute intention de fermer Achraf, avant que les habitants aient été réinstallés. La radiation de l’OMPI aurait deux effets immédiats et positifs. D'abord, cela montrerait au régime actuel que nous sommes sérieux et que nous sommes prêts à prendre toutes les mesures nécessaires pour lui mettre la pression, y compris en supprimant une inscription qui permet tout simplement au régime de continuer à abuser des membres de l'OMPI en affirmant que même les Etats-Unis pensent qu'ils le méritent. Changer cette inscription permettrait de détourner l’attention du régime de son interférence dans le printemps arabe comme il l'a fait via le Hezbollah et d'autres affidés et l’éloigner aussi d'autres régions du Moyen-Orient.
Gouverneur Ed Rendell, ancien gouverneur de Pennsylvanie
Quand j'ai été contacté par l’OMPI, je ne savais même pas qu’Achraf existait ! Mais j'ai consacré beaucoup de temps à la lecture. Et quand j'ai appris à le connaître, quand j'ai appris que les troupes américaines, malgré notre obligation assermentée, avaient tourné le dos - ont reçu l’ordre de tourner le dos - et de s'éloigner et de laisser cette boucherie se faire, j'ai eu honte. Nous devrions tous parler d'une seule voix. Les Américains, les pays de l'Union européenne, la Suisse. Tous les peuples épris de liberté et des droits de l'homme devraient parler d'une seule voix à l'ONU et dire : Envoyez-y des observateurs ! Et envoyez aussi des casques bleus ! Et si les casques bleus sont à Achraf, il n'y aura pas plus de morts. Et je pense que les Américains ici peuvent envoyer un message au président. Et ce message est que Oui, l'ONU doit envoyer des observateurs ; Oui, il devrait y avoir force du maintien de la paix de l'ONU pour les protéger. Mais s'il n'y en a pas, les Etats-Unis ont donné leur parole sur 3400 feuilles de papier séparées, individuelles. Et s’il faut des troupes américaines à Achraf pour protéger ces observateurs, nous devons envoyer des troupes américaines. Si les Nations Unies ne le font pas, alors il est temps que les Etats-Unis tiennent la promesse qu'ils ont fait aux résidents du camp d'Achraf.
Le premier ministre John Bruton, ancien Premier ministre d'Irlande
Je dois dire que je suis encouragé par ce qui s'est passé depuis ce rassemblement (à Villepinte près de Paris). Je suis fier d'être l'un des 500 millions de citoyens de l'UE qui voit l'UE prendre la décision par la baronne Ashton de nommer un ambassadeur spécial pour se préoccuper spécifiquement, au nom de l'UE, du problème du camp d'Achraf, M. Jean De Ruyt. J'ai eu le plaisir de rencontrer le nouvel ambassadeur De Ruyt ces trois derniers jours à Bruxelles. Je peux vous assurer qu'il est profondément conscient des événements et des souffrances épouvantables infligées aux habitants d’Achraf. Il a un sens profond des responsabilités. Il visitera le camp d'Achraf, collera aux habitants, se rendra aux Etats-Unis, et collectera du soutien à travers le monde pour s'assurer que ces gens obtiennent justice et liberté au plus tôt. Et je pense que nous devons dire clairement au gouvernement souverain et démocratique de l'Irak qu'il a échoué et qu’il a lamentablement échoué à exercer correctement les responsabilités correspondant à la protection qui vont avec les droits de souveraineté en ce qui concerne les résidents du camp d'Achraf. Et je crois que l'Union européenne, qui a déjà donné un milliard d'euros à la reconstruction de l'Irak, si une aide complémentaire devait être donnée à l'Irak, je pense que cela devrait être subordonné à l’assurance que la nation souveraine de l'Irak exerce les responsabilités souveraines de protéger la population du camp d'Achraf.
Le général James Conway, ancien commandant du Corps des Marines
Mon expérience personnelle a commencé dans les années 2003. J'i eu l’honneur et le privilège d'avoir dirigé les forces américaines et britanniques dans l'invasion initiale de l'Irak. Nous n'étions pas depuis deux jours que mon officier de renseignement, qui terminait un brief, a dit : « Au fait, dans notre nouveau secteur, nous avons un groupe de terroristes iraniens dont nous devrons désormais nous charger ». Et donc, j'ai envoyé le commandant de division, le commandant de la force terrestre de combat, et nos officiers pour les opérations et de renseignement au camp. C’était un petit camp, au sud-ouest d'un endroit appelé Ramadi. Ils en sont revenus, et m’ont dit qu'il s'agissait d'une interprétation totalement fausse de ce qu’il y avait là-bas. Ces personnes sont des expatriés iraniens. Ces gens ne sont pas des terroristes ! Vous pouvez dire que ce sont des rebelles dans la mesure où les Libyens et Egyptiens et les Syriens sont des rebelles. Ils cherchent peut-être un changement de gouvernement. Mais il y a une distinction importante dans mon esprit entre un terroriste et une personne qui cherche une meilleure forme de gouvernement pour sa nation.
Le juge Louis Freeh, ancien directeur de F.B.I
Trois messages très simples mais essentiel répétés ce soir. Madame la Secrétaire, Monsieur le Président, radiez l’OMPI immédiatement de la liste des organisations terroristes étrangères. Cette organisation n'est pas terroriste. 2- Protégez les hommes et les femmes du camp d'Achraf immédiatement. 3- Soutenez de manière positive, affirmative et agressive l’OMPI et les combattants de la liberté en Iran. S’il y avait une ombre de preuve de fait crédible soutenant l’inscription de l'OMPI sur la liste du terrorisme, pensez-vous une minute, qu’un procureur général des États-Unis, le maire de New York, des ambassadeurs et des gouverneurs seraient ici ? Mais il n’y a rien, zéro, pas un mot officiellement ou officieusement qui soutienne cette inscription. Les faits sont contraires à cette désignation. Vous savez que ce n’est pas simplement une liste passive, ce n'est pas seulement une inscription sur un morceau de papier pour des raisons politiques, parce qu’il n'y a pas eu de faits, même en 1997, qui justifie cette inscription. En restant telle quelle aujourd’hui, c’est un permis de tuer, non seulement pour le VEVAK iranien et les pasdarans et leurs agents, mais pour le gouvernement irakien comme on l’a vu. Il y a eu cet article du New York Times. Il y a deux principes. C'est la manière dont le New York Times rapporte : Principe n° 1 : l'Amérique a la responsabilité d'arrêter un génocide imminent. Principe n° 2 : l’Amérique ne va pas agir seule lorsque la sécurité de ressortissants américain n'est pas directement menacée ... Nous demandons donc à notre Président et notre Secrétaire d’Etat d’appliquer dès ce soir cette politique à Achraf.
Ambassadeur Mitchell Reiss, ancien directeur de la planification politique au Département d'Etat
Beaucoup de vos amis, dont certains sont sur la scène cet après-midi, ont été personnellement pris à partie par les médias pour leur soutien. S’ils pensent que ces calomnies et intimidations marcheront, je suis ici pour affirmer que non ! Nous vous avons défendu hier, nous sommes avec vous aujourd'hui et nous resterons avec vous demain.
Le cours des choses est positif, il va dans la bonne direction, mais le défi demeure. Alors, que faire ensuite ? Tout d'abord, nous devons continuer à expliquer à l'ONU et au gouvernement américain pourquoi il est si important d'aider à résoudre ces problèmes avant qu'il y ait une nouvelle catastrophe humanitaire. Nous devons maintenir la pression. Il doit y avoir des observateurs internationaux, de préférence de l'ONU, placés dans le camp pour sauvegarder les habitants. Cela doit être fait maintenant. Deuxièmement, l'administration américaine a besoin d'être encouragée à prendre un rôle plus actif pour façonner l'avenir de l'Irak. Alors que les USA réduisent leurs forces, ils ne peuvent pas se laisser déborder par le gouvernement Maliki ou de se laisser intimider par les mollahs en Iran. Nous savons tous que les Etats-Unis ont une responsabilité particulière de protéger les résidents d'Achraf. Cette responsabilité ne s'arrête pas le 31 décembre. Elle ne s'arrêtera pas quand le dernier soldat américain quittera l'Irak. Elle se terminera lorsque tous les résidents du camp d'Achraf seront en sécurité et quand ils seront tous autorisés à vivre leur vie en paix et en dignité. Le meilleur moyen, le plus rapide, le plus facile, pour atteindre cet objectif est de radier l'OMPI de la liste noire.
Günter Verheugen, ancien vice-président de la Commission européenne
Depuis que je fais campagne pour la protection du camp d'Achraf et pour la liberté de l'Iran, les gens me demandent souvent : « Pourquoi faites-vous cela? Ce ne sont pas vos affaires, ce n'est pas une entreprise européenne, et ce n'est pas une entreprise allemande. » Et je leur répète depuis un an : « Il est de notre responsabilité de nous en soucier, quelle que soit la crédibilité de nos propres barrières. Il est temps pour les Européens d'agir. Assez de paroles, j’en ai assez entendues. Assez de jolis mots. Il faut agir maintenant : l'action en hauteur des Nations Unies, l'action dans nos relations avec l'Irak, et l'action dans nos relations avec les États-Unis. La première chose à faire est d'envoyer une mission d’observateurs permanents au camp d'Achraf pour s'assurer que personne ne peut attaquer les gens là-bas sans être criminalisé par la suite. Je pense qu'il est maintenant temps pour les Européens de dire au gouvernement irakien qu’il ne peut pas s'attendre à ce que les contribuables européens payent pour la reconstruction de ce pays et ne reçoivent rien en retour.
Matthew Offord, député britannique
Comme l'a dit mon propre Premier ministre dans les actions récentes de l'OTAN : on ne devait pas faire quelque chose si on ne peut faire quelque chose. Et nous pouvons certainement faire beaucoup de choses dans ce cas. Nous avons besoin de garanties pour éviter un nouveau carnage. Une façon par laquelle nous pouvons atteindre la sécurité pour les habitants du camp c’est de faire en sorte qu’une équipe d’observateurs des Nations Unies puisse résider de manière permanente au camp. En fait, si le camp a été reconnu comme un camp de réfugiés par les Nations Unies, ce serait assurer une protection encore plus grande aux habitants du camp. Par ailleurs, le gouvernement irakien doit s'abstenir d'actes agressifs et hostiles contre les résidents, qui sont tous maintenant protégées par la quatrième Convention de Genève. Nous ne devons pas oublier ces gens. Ils sont la résistance légitime du peuple iranien. Ils sont le seul espoir pour un Iran libre et démocratique. Et leur seul crime a été de résister au régime tyrannique iranien. Je salue ces gens. Je salue les hommes et les femmes qui ont relevé ces défis. Je salue aussi leur bravoure et je dis qu’ici aujourd'hui nous nous tenons à leur côté. Nous sommes avec le peuple d'Iran dans sa lutte pour une patrie libre et démocratique.
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