Publication : jeudi 31 août 2017 22:12
Alerte sur le sort des prisonniers politiques en grève de la faim
Pour marquer l'anniversaire du massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988 en Iran, le Comité des maires de France pour un Iran démocratique (CMFID) et le Comité de Soutien aux droits de l’homme en Iran (CSDHI) ont organisé une exposition les 30 et 31 août à la Mairie du 2 à Paris.
Rassemblant photos, documents et témoignages d’anciens prisonniers politiques, cette exposition a apporté un éclairage bouleversant sur ce crime contre l'humanité commis par le régime iranien et resté jusqu’alors impuni.
L’exposition offrait également des interventions de personnalités, d’anciens prisonniers et des familles des victimes. Elle a aussi été l’occasion de rendre hommage à 52 membres de l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), massacrés ler septembre 2013 au camp d’Achraf par des commandos de l’armée et des milices irakiennes à la solde du régime des mollahs. Les droits de l’homme étant une préoccupation constante en Iran, l’accent a été mis sur la situation toujours préoccupante dans les prisons du régime. Amnesty International vient d’alerter sur le sort d’une vingtaine de détnus politiques en grève de la faim à la prison de Radjaï-Chahr.
Un hommage a été d’abord été rendu aux 52 membres de l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran, massacrés le 1er septembre 2013 dans le camp d’Achraf par des commandos de l’armée et des milices irakiennes à la solde du régime iraniens. En présence du maire Jacques Boutault, personnalités et représentants de la résistance iranienne ont déposé des roses rouges en bas d’une affiche portant les portraits de ces héros. La cérémonie s’est poursuivie par des dépôts de gerbes devant un mur où étaient affichés les noms et photos de victimes du massacre de 1988.
Enfin les élus et les visiteurs ont rencontré plusieurs anciens prisonniers politiques venus exprimer leur solidarité avec leurs camarades de cellule restés en prison. La situation est particulièrement préoccupante dans les pénitenciers en Iran. Amnesty International vient d’alerter sur le sort d’une vingtaine de détenus politiques en grève de la faim à la prison de Radjaï Chahr. Des photos de ces grévistes de la faim étaient affichées dans la cour de la mairie.
Le maire de Paris 2 Jacques Boutault, a déclaré : « comme élu écologiste, je suis fier de mon engagement pour la liberté de l’Iran. » Il a toutefois ajouté : « ce n’est pas seulement pour rendre hommage aux victimes, mais pour que cessent ces massacres. Il faut dénoncer les massacres des prisonniers politiques en Iran ». Il a rappelé que « rendre hommage aux victimes » c’est aussi « dénoncer leur bourreaux qui sont à la tête du régime » iranien.
Mme Rabieh Mofidi a lu le message adressé à cette cérémonie par Mme Maryam Radjavi la présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, dans lequel elle souligne : « Près de trente années nous séparent du massacre de 30.000 prisonniers politiques en Iran. Mais ce crime n’est pas de nature à être oublié par l’histoire. Ce crime est une question du jour. C’est la question des terribles violations des droits humains en Iran. Cela concerne les exécutions quotidiennes dans tout l’Iran et les milliers de gens condamnés à mort. »
« Pendant de longues années les gouvernements de l’Union européenne et des Etats-Unis, ont fermé les yeux sur ce crime contre l’humanité, aidant ainsi les mollahs à tenir cacher la vérité. Nous appelons le Haut-commissaire des droits de l’homme de l’ONU à mettre sur pied une commission d’enquête indépendante sur le massacre de 1988. Les gouvernements européens doivent au moins conditionner leurs relations diplomatiques et économiques avec ce régime à l’arrêt de la torture et des exécutions. »
Le maire du 1er, Jean-François Legaret qui avait été l’hôte de cette exposition le 16 et 17 mai est également intervenu pendant cette exposition : « le régime iranien cherche à faire disparaître les preuves du massacre de 1988. En brisant le mur du silence, nous rendrons justice pour les victimes de 1988. ».
L’ancien vice-président du parlement européen et actuel président de l’ISJ (Comité International pour l’Application de la Justice), Alejo Vidal Quadras a exprimé sa solidarité avec les prisonniers d’opinion en grève de la faim en Iran. Il a aussi rappelé un autre triste évènement et rendu hommage aux « aux 52 membres de la Résistance iranienne qui ont été exécutés par les agents du régime il y a quatre ans, le 1er septembre 2013 à Achraf. Sept autres ont également disparus, dont 6 femmes, et nous ne savons toujours pas quel a été leur destin. J'aimerais demander à l'UE et à nos gouvernements de mettre la priorité sur les droits de l'homme dans leur relation avec l'Iran. Nous ne pouvons pas et ne devons pas chercher les profits économiques en marchant sur le sang de milliers d’innocents. Mais le régime, comme tous les systèmes bâtis sur l’oppression et la terreur, est instable. Il partira tôt ou tard. Il n'y a donc aucune opportunité à investir dans cette théocratie sinistre et fragile. La France devrait, en accordance avec sa tradition, être le leader dans la défense des droits de l'homme, des droits des femmes et de la campagne pour mettre fin aux exécutions en Iran. C'est ce que nous attendons du président Macron. »
Mgr Jacques Gaillot a averti que le jugement de l’histoire sur les auteurs du massacre de 1988 en Iran sera terrible. » Evoquant les résistants iraniens qui ont été transférés d’Irak en Albanie, il a affirmé que « ces résistants iraniens sont pour nous une source d’inspiration. »
M. Bruno Macé, maire de Villiers-Adam et membre du Comité des maires de France pour un Iran démocratique, Jacques Feyte, maire honoraire de Neuville-sur-Oise, et Sylvie Fassierl’ancienne maire du Pin ont également apporté leur soutien.
Mme Massoumeh Raouf ex-prisonnière politique dont le frère a été exécuté dans le massacre a témoigné sur le calvaire de sa famille « Mon petit frère Ahmad n’avait que 16 ans quand il a été arrêté chez nous dans un raid des gardiens de la révolution. Depuis 29 ans mon père cherche la tombe de son fils comme les parents des 30 000 autres victimes de ce crime contre l’humanité. Mais la génération qui est née après mon frère est aujourd’hui en quête de vérité et de justice pour les victimes et ne lâchera pas les mollahs criminels. »
Un mouvement pour la justice en faveur des victimes du massacre de 1988 s’est levé en Iran et dans le monde à travers la diaspora. Il prend chaque jour de l’ampleur. Ce mouvement pour la justice réclame une enquête indépendante sur les massacres en Iran et la traduction en justice des responsables devant une juridiction internationale.
Le sort des prisonniers politiques grévistes de la faim à la prison de Radjaï Chahr préoccupe également la communauté internationale. Amnesty International vient de publier uncommuniqué à ce sujet :
Rappel des faits :
Dans un rapport de 92 pages, publié le 2 août dernier, Amnesty International a alerté sur l'aggravation de la répression contre des défenseurs des droits de l'homme, notamment ceux qui au cours de l'année écoulée ont œuvré pour dénoncer le massacre de 88. L'O.N.G. a relevé l'intérêt grandissant de la jeunesse iranienne pour faire la lumière sur cette tragédie majeure de l’histoire contemporaine de l'Iran.
En juillet 1988, suite à une fatwa de Khomeiny, 30 000 prisonniers politiques, pour la plupart des sympathisants de l'Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran, la principale force d'opposition, ont été exécuté en quelques mois et enterrés secrètement dans des fosses communes.
Selon les juristes de notoriété internationale, ce massacre délibéré est l’un des plus graves crimes contre l'humanité commis dans des prisons, de la deuxième moitié du XXe siècle. En dépit de la gravité du crime, aucune enquête indépendante n'a été menée par les instances internationales ou les organes des Nations-Unies.
Au cours des 29 dernières années, le régime des mollahs a cherché à cacher ce crime dans lequel ses plus hautes autorités sont impliquées. Toutefois, depuis un an, la question du massacre a fait surface en Iran. Il s'est retrouvé au centre des débats, au cours de la parodie électorale du mois de mai dernier, de sorte que le Guide suprême Ali Khamenei, a été obligé de mettre en garde à ce sujet. Le nouveau ministre de la justice du cabinet d'Hassan Rohani est un ancien membre de « la commission de la mort » chargé du massacre de 1988, dans la province du Khouzistan. Il se trouve sur la liste des sanctions de l'Union européenne pour son implication dans de graves violations des droits de l'Homme en Iran. Il remplace à la « justice », Mostafa Pour-Mohammadi qui a été également un des membres de « la commission de la mort » à Téhéran.